4.5.20

"Un Jardin que l'on croirait éternel", Tatsushi Omori, 2018

Un jardin que l'on croirait éternel 
(Nichinichi kore ko jitsu), Tatsushi Omori, 2018

"Un jardin que croirait éternel", quel joli titre ! Plus esthétique que le titre original, mais pas du tout pertinent car "Nichinichi kore ko jitsu", que l'on pourrait traduire "chaque jour est beau" ou "appréciable", et que le titre international a rendu par la formule "every day a good day", constitue un élément clé du film dont la portée est perdue dans la version française.
Noriko et sa cousine décident un peu par hasard de s'initier à la cérémonie du thé. Les jeunes filles s'entendent très bien mais leurs caractères sont opposés. L'une, la cousine, sait parfaitement ce qu'elle veut et s'emploie à atteindre ses objectifs, tandis que l'autre, Noriko, peine à trouver sa voie et à se frayer un chemin dans la vie.
"Chaque jour est beau", tel est le message que les deux jeunes filles déchiffrent avec peine sur le kakemono qui orne le mur alors qu'elles attendent la venue de leur professeure pour leur première leçon. Un message dont elles ne comprennent ni l'intérêt ni la portée. Nous découvrons ensuite en même temps qu'elles la mystérieuse et complexe cérémonie du thé. Assez rapidement la cousine, happée par ses occupations, n'est plus en mesure d'assister aux cours. Noriko dont la vie privée et professionnelle continue à stagner, y revient seule, chaque semaine, on ne sait trop si par défaut ou par habitude. Au fil des saisons, au fil des années, nous l'accompagnons, ainsi que sa sensei, incarnée par la regrettée Kirin Kiki, à travers des cérémonies du thé toutes semblables et pourtant toutes différentes.
On a beau s'être documenté sur la cérémonie du thé, il fallait ce film pour comprendre à quel point elle est plus codifiée, plus profonde et plus spirituelle qu'on ne l'imaginait. Il ne s'agit pas seulement de préparer du thé. C'est un rituel philosophique, un moment privilégié que le maître de thé crée comme l'on composerait une œuvre d'art, à l'aide de divers éléments dont la préparation du thé, sa gestuelle précise, n'est que le climax d'une harmonie qui fait entrer en jeu le choix de la vaisselle, des confiseries, du bouquet que l'on place sur l'estrade et du kakemono que l'on accroche au mur. Chacun de ces éléments est soigneusement choisi en fonction de la saison, du moment, des participants, de l'état d'esprit du maître de thé et du message sur lequel il souhaite attirer l'attention ou inviter les personnes présentes à méditer. C'est pourquoi le message qui accueillait les deux jeunes filles lors de leur premier contact avec cette discipline était fondamental. Il figure d'ailleurs sur l'affiche ci-dessus, au centre, dans le style graphique qui était celui du kakemono.
L'impression de beauté, de sérénité et de paix déborde du film pour nous toucher et nous inspirer. Quel bonheur ce doit être de se rendre chaque semaine chez le maître de thé, d'y découvrir des raffinements toujours nouveaux et de s'imprégner de cette sagesse intemporelle !

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