3.5.20

"Le Temps de l'humain", Kim Ki-duk, 2018


Un groupe de personnes embarque sur un vieux navire de guerre pour une traversée. Il y a là l'équipage, un politicien et son fils, un groupe de mafieux, quelques prostituées, des étudiants, de jeunes couples d'amoureux…… Ôtez les limites imposées par les lois, mettez les passagers en mode survie et voyez ce qui se passe… Malgré ce côté film d'horreur/survie, on peut le lire comme une fable philosophique – à ne pas confondre avec le conte de fée, car ce n'est pas un film à regarder en famille.
Tout le monde se souvient encore de Printemps, été, automne… et printemps (Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom) du même auteur, un film contemplatif, hors du temps, qui rendait compte de la succession des saisons dans un lieu sacré, un vieux temple isolé au milieu d'un lac. Le titre original du Temps de l'humain  est Inkan, gongkan, sikan geurigo inkan qui se traduit par "humain, espace, temps et humain". Comme on le constate, il est calqué sur celui de l'oeuvre précédente, car ce film en constitue le pendant négatif. Tandis que le premier traitait du spirituel, de l'harmonie avec la nature (finalement détruits par l'apparition du profane), ce nouvel opus se concentre sur la chair, sur l'être humain, la nature humaine, dont il souligne le caractère bestial immuable.
Ce film n'est que violence. Tout y est horrible, mais si l'on considère les faits de manière objective, de telles choses se sont déjà produites, et font même la trame des mythes et des histoires saintes, car la barbarie est une constante de l'histoire humaine. Un miroir nous est tendu et l'image qui s'y reflète est abjecte et déplaisante.
L'être humain n'a jamais évolué et tout recommencement produira ce genre d'histoire. Parfois le temps l'embellira pour en faire un récit des origines ou y poser une religion. C'est ce que semble signifier ce film, car cette histoire sanglante à les caractères d'un mythe fondateur.

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