La Femme de Villon (Viyon no tsuma, 2009) de Kichitaro Negishi.
Le film est tiré de la nouvelle éponyme d'Osamu Dazaï (1909-1948) publiée en 1947. Sur un site consacré au cinéma, on pouvait lire la critique suivante : "Ce film est nul, il s'intitule La femme de Villon, alors qu'il n'y a aucun Villon dedans !" Et pour cause, le Villon dont il est question est le poète français du XVe siècle, François de Montcorbier, plus connu sous le nom de François Villon. Ozamu Dazai, dont les œuvres étaient d'inspiration autobiographique, devait, par delà les siècles, voir en Villon, poète de mauvaise vie, une sorte d'alter ego.
Le film narre, à travers le prisme de son épouse, Sachi, l'histoire pathétique d'Otani, un écrivain à la dérive, célèbre pour sa prose, pour sa vie d'excès et obsédé par le suicide. Incapable de mener une vie régulière, il accumule les embarras, les dettes, s'oublie dans l'alcool et dans les bras d'autres femmes, tandis que l'épouse délaissée, qu'il condamne à la misère, lutte pour élever son enfant et tente de mener une vie honorable malgré les humiliations et les déboires que lui valent l'inconduite de son mari.
C'est un beau film, triste, à la réalisation soignée. Il conserve l'esprit de la nouvelle, mais puise aussi dans d'autres événements de la vie de Dazaï. Tadanobu Asano campe un Villon élégant, même dans la déchéance. Takako Matsu, tient bien son rôle d'épouse digne, à la fois combative et résignée. Quant à l'enfant, il fait vraiment pitié. Le film m'a donné envie de lire la nouvelle. Elle s'ouvre justement sur le portrait poignant du petit esquissé par sa mère. Ce paragraphe résume à lui seul la situation qui est a leur.
Le garçon a quatre ans cette année, mais est-ce à cause de la malnutrition ou en raison de l’alcoolisme ou de la maladie de son père, il est en réalité plus petit que la plupart des enfants de deux ans. Il n’est même pas solide sur ses jambes, et pour ce qui est de parler, tout ce qu’il sait dire c’est « miam, miam » ou « agha ». Parfois je me demande s’il n’est pas faible d’esprit. Un jour que je l’avais emmené au bain public et que je le tenais dans mes bras après l’avoir déshabillé, il avait l’air si petit et si pitoyablement maigre, que mon cœur s’est brisé, et j’ai fondu en larmes devant tout le monde. Le petit a toujours des problèmes digestifs ou de la fièvre, mais mon mari ne passe presque jamais de temps à la maison, et je me demande s’il lui arrive de penser à son fils. Si je lui dis que l’enfant a de la fièvre, il répond « Tu devrais le conduire chez un médecin. » Et puis il jette son manteau sur ses épaules et s’en va. J’aimerais l'emmener consulter mais je n’ai pas l’argent nécessaire. Il n’y a rien que je puisse faire à part m’allonger près de lui et lui caresser la tête.
En lisant son roman La Déchéance d’un homme, on comprend qu'Osamu Dazaï était socialement inadapté. Il lui manquait le mode d'emploi de la vie. Les paroles et les actes des autres étaient pour lui une énigme. Cet état l'isolait profondément. Certains pensent qu'il souffrait d'une forme d'autisme, d'où son incapacité à se couler dans le moule et sa grande détresse psychologique.
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