28.4.20

"Girls Always Happy", 2018, Yang Mingming


Girls Always Happy (Rou qing shi), 2018, Yang Mingming

Cette affiche si sombre et lugubre m'a conduite à m'interroger sur la relation existant entre l'image et le titre. Cette maternité est l’œuvre du peintre autrichien Egon Schiele, et s'intitule "Tote Mutter", soit "La Mère morte". Quelle contradiction avec le titre international du film qui signifie "Les filles sont toujours heureuses". Fallait-il y voir de l'ironie ou une traduction fantaisiste pour l'exportation ?
Le visionnage du film n'ayant pas répondu de manière évidente à ma question, j'ai fini par me décider à faire une recherche. Le titre chinois est littéralement est "Histoire de tendres sentiments." Il possède effectivement une certaine ironie, mais sans cette contradiction fondamentale entre le bonheur clamé d'un côté et la représentation de la mort de l'autre.
Dans le film, la mère et la fille sont bien vivantes et habitent un petit logement décrépit dans un quartier pauvre de Pékin, un "hutong" au ruelles labyrinthiques. Toutes deux écrivent, la fille parce qu'elle souhaite en faire son métier, et la mère par désœuvrement et aussi par imitation. Pour l'une comme pour l'autre le succès n'est pas au rendez-vous et elle doivent trouver des expédients pour subsister. Leurs recours sont plus ou moins glorieux et fructueux. L'angoisse de l'avenir liée à leurs conditions de vie précaires, empoisonne leurs relations qui oscillent entre complicité et reproches en fonction des espoirs et des déconvenues qui émaillent leur vie.
C'est un film intimiste, lent, une étude psychologique. Sans effets esthétique, sans fioritures, la réalisatrice dissèque le quotidien, ce qui confère à l’œuvre une certaine qualité documentaire. Cette relation particulière a un côté universel et bien des mères et des filles vont se reconnaître dans les portraits combinés de ces deux femmes. 

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