"Une Vie toute neuve", Ounie Lecomte, 2009

 

Une Vie toute neuve d'Ounie Lecomte,
et le beau visage de cette merveilleuse petite actrice.

Peut-être vous souvenez-vous des petits Coréens que les familles françaises adoptaient dans les années 70. On les voyait arriver ici et commencer une nouvelle vie, mais nous ne savions rien de celle qu'ils avaient eue avant de venir. A travers le destin d'une petite fille, ce film nous donne l'occasion d'aller voir de l'autre côté du miroir : de découvrir la vie à l'orphelinat, la souffrance de l'abandon, les espoirs, le passage de couples étrangers, parents potentiels, les sortes de castings organisés pour que ces couples puissent faire leur choix et pendant lesquels les petits s'efforcent de faire bonne impression, et le triste destin de ceux dont personne ne veut parce qu'ils sont trop âgés... C'est un très beau et très bon film produit par Lee Chang-dong qui a également participé au scénario.

Sans faire dans le misérabilisme, car les petites orphelines du film semblent relativement bien traitées, l'histoire est poignante. Voir une petite fille en âge de comprendre ce qui se passe être exilée, envoyée chez des inconnus dans un pays lointain, sans qu'elle ait son mot à dire, est horrible, même quand on se dit que peut-être les nouveaux parents seront aimants, ouverts, que l'enfant s'habituera et pourra s'épanouir, même quand on voit aujourd'hui la belle réussite de certains d'entre-eux - dont la réalisatrice de ce film. Couper un être de ses racines, l'exiler malgré lui, est un acte très grave et ce devrait être le dernier recours.

On aurait pensé que depuis que la Corée du Sud est devenue une puissance mondiale elle n'avait plus recours aux adoptions à l'extérieur, mais il n'en est rien. Plus de 40% de ses orphelins continuent à partir à l'étranger, aux Etats-Unis principalement. Les Coréens sont réticents à adopter des enfants dont ils ne connaissent pas les origines. Le gouvernement coréen travaille à renverser cette tendance mais pour l'instant les résultats sont minces.

90% des bébés abandonnés le sont par des mères célibataires. Être mère célibataire est toujours stigmatisé en Corée et ces femmes ne bénéficient d'aucune aide. Abandonner leur bébé est souvent la seule solution qu'il leur reste. De manière générale, une mère qui travaille est vue comme une mauvaise mère, et les infrastructures pour aider les femmes actives sont peu développées. La seule véritable solution consisterait à aider ces femmes seules afin qu'elles puissent faire le choix d'élever leur enfant. Il faudrait aussi faire évoluer les mentalités, mais cela prendra du temps.