Les 9 volumes de la série Monster,
façon puzzle dans la collection Big Kana.
Hier soir, France 4 diffusait le dernier épisode de l'anime japonais Monster, d'après le manga de Naoki Urasawa. J'avais commencé à regarder la série dès sa première diffusion et j'avais aussitôt accroché, mais vu l'heure tardive, et surtout la programmation quelque peu erratique à un moment, j'ai décidé d'aller directement à la source : le livre.
Première surprise, l'anime est très fidèle au livre, au point que le manga semble avoir été utilisé directement comme storyboard, car la transposition est quasi littérale - souvent au plan près. On peut passer d'un médium à l'autre sans remarquer de grosse différence, sauf bien sûr la mise en couleur de l'anime.
Le personnage central de cette série est le docteur Kenzo Tenma, neurochirurgien surdoué et humaniste. Il est Japonais mais exerce en Allemagne. Sa carrière semble déjà toute tracée : son talent est reconnu et il s'apprête à devenir le gendre du directeur de l'hôpital pour lequel il travail. Bientôt, il sera nommé à la tête du service de neurochirurgie. Sa situation comporte, bien sûr, quelques contreparties moins plaisantes, comme l'obligation de rédiger des articles scientifiques que le grand patron signe et pour lesquels il recueille toute la gloire. Tenma doit aussi faire ce qu'on lui dit quand on lui dit, car le directeur a ses priorités. Si Tenma accepte bon gré mal gré de se laisser dépouiller du fruit de ses recherches, il lui est plus difficile de se plier aux autres exigences du boss, surtout lorsqu'il se rend compte que pour celui-ci toutes les vies ne se valent pas : la vie d'un notable ou d'une célébrité vaut infiniment plus, et ce sont celles-là qu'on lui demande de sauver en priorité. Une première fois Tenma obéit, mais il est hanté par le remord. La fois suivante, il décide de désobéir. Cette désobéissance lui coûte sa carrière et l'entraîne encore plus bas dans sa chute lorsqu'il réalise que le jeune homme qu'il a sauvé est un tueur en série et que c'est sur sa propre personne que se portent les soupçons à propos des meurtres qu'il vient de commettre. Recherché par la police, Tenma s'enfuit avec le double objectif de prouver son innocence et d'empêcher le tueur de nuire davantage. Commence alors une vie d'errance (à travers l'Allemagne et certains pays de l'Est) qui occupe neuf gros volumes, mais pendant laquelle on ne s'ennuie jamais. C'est un road-manga, si l'on veut, avec tout un tas de rencontres, bonnes ou mauvaises. Chaque personnage apparaît comme une des pièces du gigantesque puzzle qu'est l'histoire du tueur en série.
C'est un excellent manga, au dessin classique, élégant et efficace. Le scénario est intelligent et tellement bien ficelé qu'on se dit qu'Urasawa devait avoir prévu tous ses chapitres avant même de commencer à dessiner le premier. Tenma, en vagabond hors-la-loi, est charismatique et les personnages qu'il rencontre ont chacun de la profondeur, une histoire - leur attitude étant souvent conditionnée par le prix qu'ils donnent à la vie, la leur ou celle des autres.
Une fois qu'on a plongé le nez dans cette aventure, on a beaucoup de mal à lâcher ses bouquins, d'autant que le format Big Kana rend l'expérience agréable : beau papier, belle impression et format plus large que le format habituel.
A la fin de ma lecture, je suis allée faire un tour sur IMDB pour voir ce que les spectateurs de l'anime pensaient car je ne suis toujours pas certaine d'avoir tout compris - difficile de se souvenir de tous les éléments sur une pareille durée (environ 3600 pages). Il y avait débat. La manière dont on interprète cette fin dépend peut-être de notre approche personnelle de la vie. Maintenant, à vous de voir.
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