30.3.14

"Stoker" de Park Chan-wook, 2013

 
Si l'on considère les films précédents de Park Chan-wook celui-là est étonnant et inattendu. Le réalisateur s'est incroyablement bien coulé dans le moule hollywoodien (ce qui est loin d'être un défaut surtout quand c'est fait avec autant d'intelligence et de maestria), et il nous offre un film d'une sobriété, d'une beauté et d'une élégance rares. C'est surtout la beauté et l'élégance qu'on n'attendait pas trop au vu des œuvres précédentes. Preuve est faite qu'il est à son aise dans tous les styles et tous le genres.

La séquence d'ouverture du film est superbe. On voit une jeune fille, perchée sur des talons hauts traverser une route. Suit alors, en voix off, une tirade philosophique dans laquelle elle tente de définir qui elle est. A la fin de la séquence, nous la voyons en contre-plongée et à contre-jour, sa jupe flotte au vent. C'est un très beau plan. Durant toute cette introduction, il y a une série d'arrêts sur image dont j'ai beaucoup aimé l'effet... J'ai d'autant plus aimé le procédé quand j'ai compris le sens de cette scène inaugurale, à la fin...

Cette jeune fille que nous venons de découvrir, c'est India, elle est très intelligente et un peu bizarre, solitaire. Elle vit dans une grande maison isolée avec son père et sa mère. Le début du film marque une rupture dans sa vie. C'est le jour de son anniversaire et son père trouve une mort brutale dans un accident de voiture. Suit l'enterrement, puis l'arrivée du frère de son père, Charlie, dont personne ne lui avait jamais parlé. Charlie s'efforce de séduire la mère, et surtout la fille... Charlie est souriant, charmeur, trop, un peu bizarre aussi et inquiétant, et on commence à se poser des questions sur ses motifs, sur son identité, sur le jeu qu'il joue, et puis sur la mère, et la fille... En rien de temps, nous voilà devenus paranoïaques... On passe le reste du film en doutant de tout et de tous... Certains l'ont déjà fait remarquer, c'est un film très hitchcockien dans sa conception et son déroulement.

C'est un petit bijou. Magnifiquement filmé, hyper stylisé, contrôlé. Des images impeccables, très léchées. Les acteurs (Mia Wasikowska, Nicole Kidman et Matthew Goode) sont excellents dans leur rôle. C'est un film à la fois classique par son élégance et son côté intemporel, et novateur par le traitement de l'image. Et pour ne rien gâcher, nous sommes gratifiés d'une excellente bande sonore, avec notamment l'envoûtant "Becomes the Color" d'Emily Wells...
C'est un film fascinant, le genre de cinéma que j'aime vraiment beaucoup.
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Sur le DVD, parmi les bonus, figure un clip sur la conception de l'édition limitée de l'affiche du film (ci-dessus). Une séquence de dessin absolument fantastique, scénarisée, entrecoupée d'images du film, le tout au son de "Becomes the color". Entre dessin, cinéma et musique, quelques minutes qui représentent une sorte de quintessence de la création - un moment de pur bonheur.

(On trouve ce clip sur internet, mais si vous n'avez pas vu Stoker, faites-vous une faveur, regardez-le film avant d'aller voir le clip.)

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