9.4.12

Madame Chrysanthème

Nagasaki 1885
Pierre Le Cor, Loti et une jeune Japonaise
(source gallica.bnf.fr)


Je relis Madame Chrysanthème de Loti.
Une histoire sordide parsemée de remarques méprisantes et racistes sur le Japon et les Japonais, le tout habillé d'une prose brillante qui fascine tellement qu'on déteste l'auteur tout en l'admirant.

5 commentaires:

surpris a dit…

Je viens de lire ce livre (en version électronique donc sans photo) et je cherchais à voir cette photo dont il parle. Merci à vous de l'avoir publiée. J'ai été comme vous surpris par les nombreuses remarques méprisantes et parfois racistes qu'il contient (mais à l'époque ne pas être raciste était sans doute l'exception ?) et plus encore par les moeurs japonaises de l'époque. Le livre n'en demeure pas moins un témoignage intéressant sur le Japon d'il y a 130 ans. Certaines choses n'y ont d'ailleurs pas beaucoup changé !

Horvallis a dit…

Merci pour votre commentaire. Je suis heureuse d'avoir pu vous être utile. Vous avez raison pour le racisme. Il est difficile d'y échapper dans les oeuvres de l'époque, et Loti n'est pas ce qui se fait de pire dans le genre.
Au moment où j'ai écrit ce billet, je n'avais pas encore lu le Journal de Loti. Cette lecture m'a donné l'impression qu'il a surtout projeté sur l'épisode japonais tous les sentiments négatifs qui l'habitaient alors, et qui n'avaient pas grand chose à voir avec le pays lui-même.
Lorsqu'il est arrivé au Japon, ses grandes aventures et ses grandes passions étaient derrière lui, et il se sentait vieux et blasé. Il venait de se fiancer en France, et il allait au mariage comme on va se pendre. Il était très déprimé. Son mariage japonais me semble avoir été une expérience un peu forcée, vraisemblablement dans le but de trouver matière pour un nouveau livre qu'il devait à son éditeur, et, peut-être aussi afin d'expérimenter une forme de mariage arrangé, sans passion et sans attirance, et préfigurant ce qu'il allait devoir vivre en France à son retour. De plus, il a rédigé Madame Chrysanthème à alors qu'il était jeune marié et que son nouvel état ne semblait pas le rendre très heureux. Je pense qu'il a reporté sur l'épisode japonais tout son mal-être et tout ce qu'il ne pouvait pas dire sur son mariage français.
Il a rendu davantage justice au Japon et à sa culture dans "La Troisième jeunesse de madame Prune", récit de son retour à Nagasaki quinze ans plus tard et dans lequel il donne des nouvelles des personnes qu'il a côtoyées lors de son premier séjour. On y trouve un Loti plus calme et plus ouvert, avec toujours ces incroyables descriptions de paysages et de moeurs. Si vous avez apprécié les détails sur le Japon du temps de Madame Chrysanthème, vous aimerez certainement cette suite, qui est disponible sur le site du Project Gutenberg.

surpris a dit…

Merci pour votre réponse et pour toutes ces précisions. Je vais lire le deuxième volet de ce pas. Je vis au Japon depuis 6 ans, et ça fait a peu près autant de temps que je me dis que je devrais lire Loti... mieux vaux tard que jamais.

Pour en revenir à la photo, en fait il y en a eu 2. L'une avec Madame Chrysanthème, et une avec Oyouki, la fille de Madame Prune. Il semblerait que ce soit celle là que vous avez insérée.

Voici celle avec Madame Chrysanthème : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b1400003v/f5.item

Et la source qui indique que la votre est celle avec Oyouki :

http://books.google.co.jp/books?id=H9tnKkGiTJUC&lpg=PA64-IA30&ots=U2K77qam7X&dq=Pierre%20Le%20Cor%2C%20Loti%20et%20une%20jeune%20Japonaise&hl=fr&pg=PA64-IA30#v=onepage&q=Pierre%20Le%20Cor,%20Loti%20et%20une%20jeune%20Japonaise&f=false

Par ailleurs et puisque vous parlez de Foujita un peu plus haut, savez-vous qu'il existe une édition de Madame Chrysanthème illustrée par Foujita ? J'ai trouvé quelques images sur cette page :
http://www.kb.nl/fr/collection-koopman/index/1926-1930/madame-chrysantheme

Horvallis a dit…

Merci pour ces informations et pour les liens aussi.
Je connaissais les deux photos, mais n'avais aucune certitude quant à l'identité des jeunes femmes qui accompagnaient les deux marins. Je pensais que l'une devait être Okane, mais laquelle ? Comme je voulais pas risquer d'introduire mes visiteurs en erreur, j'ai opté pour une légende neutre. Grâce à votre lien, je vais pouvoir préciser.
J'ignorais que Foujita avait illustré le roman. J'aime bien le style dépouillé de ses illustrations.
Vous êtes installé au Japon, alors lire Loti ne doit en être que plus intéressant. Pour ma part, je n'y suis encore jamais allée. J'aime beaucoup le cinéma et l'art japonais, mais je me demande si je supporterais bien de vivre au Japon aussi longtemps. J'ai lu beaucoup de témoignage d'expatriés et cela semble être une épreuve. Cela dit, j'aimerais tout de même bien y faire un tour et même y passer quelques mois à titre d'expérience.

surpris a dit…

Moi aussi j'aime bien les illustrations de Foujita pour ce livre. Je les préfère d'ailleurs à sa peinture "européenne" dont je ne suis pas un grand amateur. Bon aussi il se trouve que je déteste particulièrement les chats en peinture ou en photo et qu'il en a fait pas mal...

En ce qui concerne le Japon, c'est un pays extraordinaire à bien des titres, plein de contrastes et de paradoxes, à la fois archaïque par certains aspects et si moderne par d'autres. Phagocyté par la société de consommation à l'américaine et en même temps tellement attaché à sa culture et à ses traditions. Y venir en touriste quelques semaines est une expérience que je vous recommande chaudement, je ne connais personne qui soit rentré déçu. Malheureusement depuis 2 ans l'euro s'est effondré face au yen, et c'est devenu une destination assez chère, il faut prévoir.

Quant à y vivre, c'est une autre histoire, mais je pense que comme les expatriés de tous les pays, il y a des hauts et des bas. Personnellement j'ai un peu souffert de mal du pays au bout de quelques années, maintenant ça va mieux. J'ai tenu un blog les deux premières années mais il est à l'abandon depuis la naissance de ma fille il y a 4 ans. Je vous l'indique à tout hasard (http://www.fabriceaujapon.com/blog/), mais ne vous sentez pas obligée d'aller le lire. Ça date un peu et c'est assez hétéroclite.