24.3.12

Poésie chinoise -- Tou-Fou (01)

"Le ruisseau s'éloigne en bouillonnant. Le vent mugit avec violence à travers les pins, et des rats fuient de toutes parts à notre approche et vont se cacher sous les tuiles écroulées. Ceci fut un palais.
Quel prince a bâti ce palais, jadis ? On n'en sait plus rien.
Qui nous légua ces ruines sur cette haute montagne ? On n'en sait plus rien.
Et sur la route on entend des bruits qui ressemblent à des gémissements : ces voix de la nature forment un ensemble si plein d'harmonie que l'automne semble s'harmoniser à ces ruines mélancoliques.
Le prince qui régnait ici avait de belles jeunes femmes : elles ne sont plus que poussière ; il avait des satellites sans nombre et des chevaux splendides qu'il attelait à son char : de tout, il ne reste que ceci, ce débris, un cheval de pierre qui n'a plus ni tête, ni jambes...
"Je me sens ému d'une tristesse profonde. Je m'assieds dans l'herbe épaisse...
Hélas ! dans ce chemin de la vie que chacun parcourt à son tour, qui donc pourrait marcher longtemps ?"

Poésie citée par Claude Farrère in Mes voyages - La Promenade d'Extrême-Orient, 1924.

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