14.5.20

"Chiwawa Chan", Ken Ninomiya, 2019


La télévision annonce un fait divers. Le corps dépecé d'une jeune femme, Yoshiko Shiwaki, a été retrouvé dans la baie de Tokyo. En voyant cette émission, des jeunes gens mettent un certain temps à comprendre que la personne en question est celle qui se faisait appeler "Chihuahua" et qu'ils avaient fréquentée durant leurs années de lycée. Ils prennent conscience qu'ils ne savaient rien d'elle, pas même son véritable nom. Miki, une des filles du groupe, interprétée par Chieko Kuriyama, reprend contact avec les membres de la bande, désormais éparpillés car entrés dans la vie active, afin de recueillir leur témoignage sur le passage éphémère de cette fille dans leur existence.
L'histoire est adaptée d'un manga de Kyoko Okazaki. Le personnage de Chihuahua, qui apparaît dans ce portrait reconstitué à la façon d'un puzzle, est l'archétype de la fille "kawaii", c'est-à-dire "mignonne", dans l'imaginaire du manga pour filles. Elle est petite, amusante, bienveillante, facile à vivre. La référence au petit chien, n'est pas un hasard car l'association avec cet animal est une constante chez ce genre de personnage. L'attitude toujours gaie et enthousiaste du petit chien résume en quelque sorte l'essence du kawaii. Chihuahua est donc gentille et ne calcule pas. Elle suit ses envies et ses désirs, et même les désirs des autres sans se poser de questions. Elle semble imperméable à la malveillance. Son manque de méfiance, de discernement et sa liberté l'amènent à fréquenter des personnes douteuses et à mener une vie instable. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la psychologie à l'oeuvre dans le film n'est pas simpliste; le caractère hors-norme de la jeune fille fonctionne comme révélateur des passions, jalousies et frustrations de ceux qui gravitent autour d'elle, car elle plait aux garçons, fait tout mieux que ses amies et n'est pas avare de son corps. Et puis l'on découvre peu à peu qu'elle n'était peut-être pas aussi lisse.
Un film à voir, ne serait-ce que pour sa réalisation recherchée. Il est truffé de plans originaux, créatifs, de scènes saisies sous des angles improbables. C'est un festival pour les yeux. Les images sont colorées, et l'ensemble traduit à la perfection l'ambiance un peu folle, libre, et le côté insouciant de cette jeunesse, même si dans certaines scènes les accessoires et les situations sont un peu trop – mais c'est peut-être le côté manga qui veut cela.

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