29.11.18

Le Peintre du vent, 2008

Le Peintre du vent
 
(바람의 화원/Baram-ui Hwawon)
,
série télévisée coréenne
d'après la nouvelle de Lee Jung-myung (1).


L'histoire se déroule dans la Corée du XVIIIe siècle. Une jeune fille, dont le père, un artiste de renom, et la mère ont été assassinés, s'est travestie en garçon pour devenir peintre à son tour et venger ses parents.
  • Intérêt du drama
- L'histoire. Bien menée, pleine de rebondissements, d'émotions, de joie et tristesse. Des personnages attachants et crédibles. 
- L'art. Pour ceux qui ignorent tout de la peinture traditionnelle coréenne, c'est une entrée en matière intéressante, car elle donne une idée de la manière dont les arts étaient organisés et  hiérarchisés, ainsi que de la façon dont les artistes abordaient la création et sur quels critères les œuvres étaient jugées et appréciées.
- Les techniques picturales. On y voit de véritables artistes peindre les œuvres. Fascinant.
- Les œuvres. Les compositions que l'on admire tout au long du drama sont inspirées d'œuvres véritables. L'idée la plus formidable étant de les avoir utilisées comme éléments clés de l'intrigue, et de les avoir insérées dans la logique de l'histoire.
  • Vérité historique et mensonge romanesque
Dans le drama, nous voyons, au gré des événements, les deux grands artistes Danwon (Kim Hong-do), le maître, et Hyewon (Shin Yun-bok) la jeune-fille peintre, se rapprocher et tisser des liens d'affection. Mais stop !!! On arrête tout !!!
La fiction a fait de Hyewon une femme,  mais ces deux artistes ont vraiment existé, et tous deux étaient des hommes. Tollé au sein du milieu universitaire coréen. Les licences prises avec la vérité historique choquent, et on les considère comme un manque de respect envers un artiste renommé. 
Lee Jung-myung raconte que l'idée lui est venue en examinant les œuvres de Hyewon ; il leur a trouvé un aspect très féminin, de là l'idée de faire de l'artiste une femme. Il a eu beau jeu car on ignore presque que tout de lui, on sait seulement que son père était un membre de l'Académie royale de peinture, Dohwaseo, lieu où se déroule une bonne partie de l'action de notre drama, mais Hyewon lui-même n'en a jamais fait partie car à l'époque une loi interdisait aux parents et aux enfants de travailler dans un même endroit. On ne sait pas où il a étudié, ni même s'il s'est marié, ni où il mort.
Mais ce sont les véritables œuvres de Danwon et Hyewon qu'on leur voit peindre dans le film, avec les caractéristiques artistiques et techniques qu'on attribue à ces deux artistes.

La drama débute et s'achève sur une œuvre célèbre de Hyewon, "Portrait d'une beauté", lui attribuant une signification aussi fausse que belle et émouvante. On regarde les dramas pour cela, pour s'émouvoir, mais, comme toutes les fictions historiques, ils peuvent être une porte ouverte sur la connaissance. Il suffit de la pousser et d'entrer.
Les œuvres de Hyewon sont conservées au Kansong Art Museum de Séoul, un musée qui ouvre deux fois l'an, en automne et au printemps. Au moment de la sortie de la série télévisée, le musée a connu la plus grosse affluence de son histoire. Tout le monde souhaitait contempler ces œuvres que la fiction avait remises au goût du jour et dont elle avait fourni des clés de lecture.
  • Les conventions artistiques
L'inspiration, la création et les conventions artistiques sont parmi les choses les plus intéressantes à étudier. Dans ce drama, ce qui m'a fait passer en mode recherche c'est l'énonciation des règles confucéennes présidant à la réalisation du portrait d'un roi : de face, symétrique, mains cachées, sans émotions, etc. J'ai essayé de trouver un texte, chinois ou coréen, qui les énumère et les explique, mais pour le moment, ma quête est restée infructueuse. Par contre, j'ai découvert cette thèse très intéressante qui répond en partie aux questions que je me posais sur l'art coréen traditionnel :

Naeyoung Ryu-Paganini,  L’œuvre de Yun Duseo (1668-1715), peintre-lettré coréen à l’époque ”prémoderne”. Art et histoire de l’art. Université de Strasbourg, 2017. Français. NNT: 2017STRAG032

---

(1) non traduite en français. Pour le moment, un seul de ses livres a été traduit dans notre langue, il s'agit de Le Garde, le Poète et le Prisonnier, Michel Lafon, 2014, traduit depuis l'anglais.
La nouvelle Le Peintre du vent a également inspiré un film, Portrait of a Beauty (미인도/Miindo), de Jeon Yun-su, 2008.

Aucun commentaire: