11.11.17

"Au Soir de la Pensée" - Clémenceau était-il réellement bouddhiste ?

Qui se souvient encore d'Abel Hermant de l'Académie française ? Pas grand monde, j'imagine. Je cherchais, dans mon stock de livres d'occasion, quelque chose à proposer à un groupe de lecture, et c'est en ouvrant son roman intitulé La Discorde (1928) afin d'en lire quelques extraits que j'ai trouvé ce marque-page : une carte destinée à promouvoir le livre de Georges Clémenceau, Au Soir de la pensée, sorti l'année précédente chez le même éditeur (Plon).
 
Clémenceau fait partie de ces hommes d'Etat dont le nom nous reste connu alors que nous avons oublié le détail de ses actes. Jusqu'à une époque très récente, si l'on me disait "Clémenceau", je pensais "Brigades du Tigre", mais depuis j'ai regardé un documentaire (de la série L'Ombre d'un doute) qui m'a rafraîchi la mémoire à son sujet. Plutôt antipathique, le bonhomme. En politique comme dans sa vie privée, il était sans pitié.
 
Passionné d'arts asiatiques et grand collectionneur, à un journaliste qui l'interrogeait sur son intérêt pour les cultures orientales, il a déclaré qu'il était bouddhiste. Était-ce seulement une boutade ?
 
Que pouvait écrire un tel homme à la fin de sa vie ?
 
Je suis allée voir ce que renfermait Au Soir de la pensée... Le premier chapitre s'intitule "Dans le moment qui fuit..." (cela sonne assez bouddhiste, en effet, et la suite également !) 
Au soir de la pensée, quand la vie présomptueuse, à bout de floraisons, ne peut plus qu'égrener au vent ses rares commencements de velléités dernières, voici que devant la suprême interrogation, l'homme effaré s'arrête - moins stupéfait d'une existence improvisée que confondu du proche effondrement où se heurte l'infatuation de sa personnalité.
Qu'est-ce donc qu'avoir vécu ? Qu'est-ce donc que vivre et mourir ? Qu'est-ce que naître, d'abord ?
La naissance ? Une continuation. La continuation d'un tumulte ordonné d'énergies en perpétuel devenir.
Vivre ? La sensation d'une imaginaire fixité dans l'insaisissable révolution de cette éternelle Roue des choses, dont l'Inde n'eut la vision que pour l'irrésistible tentation de s'en affranchir.
Mourir ? Continuer encore, et toujours, en des formes éternellement renouvelées.
Si vous désirez en savoir davantage, allez faire un tour sur Gallica... L'œuvre est en deux volumes..
 
J'ai appris hier que Clémenceau sera la grande figure célébrée à l'occasion du centenaire de la guerre de 1914-1918. L'opportunité, peut-être, de redécouvrir cette personnalité complexe.

Aucun commentaire: