15.5.15

Voyage en Chine, Zoltán Mayer, 2015

 
Liliane est une infirmière parvenue à un âge où la vie n'est plus qu'une morne routine. Son univers achève de s'écrouler lorsqu'on lui annonce le décès accidentel de son fils à l'autre bout du monde, en Chine. Elle décide de se rendre sur place pour les formalités. Commence alors pour elle un voyage qu'elle n'aurait jamais pensé entreprendre seule, un voyage douloureux, initiatique, durant lequel elle cherche, dans ces lieux inconnus et à travers les personnes qu'il a côtoyées, à retrouver le fils perdu et à renouer avec l'homme qu'il était devenu loin d'elle.
 
Yolande Moreau livre une formidable performance. Les grandes douleurs son muettes et c'est par sa posture, son air dépassé, sa démarche accablée, que l'actrice fait passer l'intensité de la douleur. Sa silhouette massive devient une sorte de figure iconique du chagrin. À travers ses rencontres, et à travers les lettres qu'elle écrit au fils défunt, on la voit sortir progressivement de son hébétude et reprendre possession de sa vie. Derrière la ménagère banale et un peu fruste qu'elle paraissait au départ, apparaît alors une femme différente, plus raffinée, plus semblable à ce fils photographe et artiste qu'elle a mis au monde, comme si la plongée dans l'univers du disparu, ressuscitait la personne qu'un jour elle avait été. Comme si la quête du fils l'avait amenée à se retrouver elle-même. Comme si elle et lui n'en venaient plus à faire qu'un. 

C'est un film au rythme lent, contemplatif. Le réalisateur a pris le temps d'installer son histoire, de la raconter, de s'arrêter sur des détails, des émotions, des silences... J'ai beaucoup aimé le traitement de l'image, le côté crépusculaire et sombre au début, mais aussi les cadrages, l'utilisation des reflets, et des flous qui viennent poser comme un voile pudique sur certains moments.

C'est un film sur l'amour, la perte, les choix, bons et mauvais, que l'on fait dans sa vie, la résilience ; un film triste, mais réconfortant par son humanité, son caractère philosophique, et un très beau voyage, à la fois physique et symbolique.

Aucun commentaire: