9.9.14

"11 Fleurs" (Wo 11), Wang Xiaoshuai , 2011

 
L'histoire d'un gamin de onze ans, Wang Han, dans une petite bourgade de Chine, en 1975.

Les stars du film, ce sont Wang Han et sa bande de copains. Ils ont onze ans, sont impertinents, curieux de tout, toujours en quête d'amusements, toujours aux premières loges quand il se passe quelque chose, avides de savoir, de comprendre. Des gamins comme tous les gamins du monde, inventifs et rigolos... C'est encore l'âge de l'innocence et des bêtises, mais plus pour longtemps, et c'est par leurs yeux que l'on assiste aux événements tragiques qui affectent les villageois. Les enfants apportent à l'histoire leur fraîcheur et leur innocence et il faut bien cela, car la société dans laquelle ils vivent est pesante et tragique : c'est celle de la  Révolution Culturelle. Au gré des événements, on comprend que la plupart des parents de ces enfants sont des intellectuels qu'on a envoyés dans ce trou perdu afin de les rééduquer.

En Chine, il est toujours interdit d'évoquer la Révolution Culturelle, aussi le film ne la mentionne pas directement et se contente de raconter l'histoire de l'enfant. Nul besoin d'en parler, d'ailleurs, car ses effets et ses méfaits crèvent les yeux. Ils sont présents et observables partout, dans chaque détail du quotidien : dans les chansons qu'il est dangereux de chanter, dans le portrait monumental de Mao à l'entrée de la bourgade, dans l'embrigadement des enfants, et dans ces quelques photos de tableaux occidentaux qu'un artiste a gardées au péril de sa vie et qu'il transmet comme un trésor... A ce point de vue, le film est aussi un véritable documentaire sur la vie quotidienne en Chine sous ce régime de fer : la censure, les tickets de rationnements pour tout, les intellectuels déportés, brimés, la peur du moindre faux-pas, les luttes des gardes rouges et leur violence envers ceux qu'ils définissaient comme contre-révolutionnaires, les condamnations à mort à la chaîne avec exécution immédiate dans les bois. Les violences n'apparaissent pas directement à l'écran, mais elles forment comme une sorte de toile de fond permanente.

Le film est excellent, extrêmement bien dosé, entre émotion, drame et légèreté, et très bien réalisé. Il m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres du cinéaste.

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