Eiji Okada, dans Hiroshima mon amour (1959)
Quand on me dit Alain Resnais, ce qui me vient à l'esprit, ce sont des
images de Hiroshima mon amour et de L'Année dernière à Marienbad, deux films qui,
pour des raisons différentes, m'ont profondément impressionnée.
Voilà,
brut de décoffrage, ce que j'ai écrit dans mon journal sur trois films de
Resnais après les avoir vus... En général, avant de publier quelque chose,
"j'édite" - en clair, je m'autocensure, j'édulcore, je coupe tout ce qui est trop négatif ou
péremptoire... Après cette taille franche, il ne reste en général plus grand chose de ma
pensée profonde. Cette fois j'ai tout laissé.
- Hiroshima mon amour (1959)
Je ne supporte pas le style de Duras, artificiel et répétitif, ses
dialogues énervants, et creux la plupart du temps. Je n'aime pas ses héroïnes
égocentriques. J'ai aussi beaucoup de mal avec le côté intello, qui se veut
profond et concerné, mais qui est surtout prétentieux, de certains ouvrages,
films et livres de l'époque. Malgré tout ces défauts, j'aime regarder Hiroshima
mon amour. J'aime les images et le rythme. J'aime aussi le thème de la relation
impossible entre les deux personnages… Il faut que je les aime pour supporter la
logorrhée nombriliste de la Française.
Le charme d'Eiji Okada n'est probablement pas étranger à mon plaisir. Pour moi, ce sont sa simplicité et sa sincérité qui empêchent le film de sombrer dans l'artifice total. Etant japonais, il a, fort heureusement, échappé à l'emprise de Duras : pas de dialogues inutiles et impossibilité de lui imposer cette espèce de diction pompeuse calquée sur celle de l'écrivain.
Le charme d'Eiji Okada n'est probablement pas étranger à mon plaisir. Pour moi, ce sont sa simplicité et sa sincérité qui empêchent le film de sombrer dans l'artifice total. Etant japonais, il a, fort heureusement, échappé à l'emprise de Duras : pas de dialogues inutiles et impossibilité de lui imposer cette espèce de diction pompeuse calquée sur celle de l'écrivain.
- L'Eté dernier à Marienbad (1961)
Tout comme Hiroshima mon amour, c'est un film fascinant; fascinant
surtout pour la manière dont Resnais a filmé les décors et les personnages. C'est
bourré de plans hyper-travaillés, recherchés. Magnifiques. Au point de vue de
l'image, c'est un chef d'œuvre. Pour le reste, c'est une version
cinématographique du nouveau roman, puisque écrit par Alain Robbe-Grillet. En un
sens c'est captivant. Tout se déroule dans un grand hôtel luxueux à décor
rococo (dans la réalité, un château près de Dachau), où l'élite est réunie pour
se reposer ou, pourrait-on dire aussi, traîner son ennui. Les propos sont
banals, il ne se passe rien, sauf cette espèce de jeu bizarre entre les deux
personnages… C'est un des films les plus intellectuellement stimulants que j'aie
jamais vus...
Après avoir écrit cela, j'ai fait un tas de recherches, lu
tout ce que j'ai pu trouver... Sur IMDB, un membre a posté une longue liste d'hypothèses sur les significations du films... On y trouve tout un débat très intéressant...
- Muriel (1963)
Je pense qu'après Hiroshima mon amour et L'Eté dernier à
Marienbad, Resnais a perdu le feu sacré. Il faut croire que les
deux auteurs, Duras & Robbe-Grillet étaient pour beaucoup dans ses deux réussites précédentes. À part le fait qu'il soit un des rares à
mentionner les exactions de la guerre d'Algérie, ce film est laid et sans
intérêt. Le thème est le secret ou si l'on veut le mensonge, enfin, l'idée qu'on
ne sait jamais qui est l'autre et quels secrets il cache. L'idée aussi que
chacun réécrit le passé à sa manière. L'idée, tout bêtement, que chacun voit
midi à sa porte. Les décors sont hideux et les acteurs aussi. Le seul truc un
peu remarquable est leur diction et leur façon de jouer, surtout celle de
Delphine Seyrig. Je ne crois pas que l'on pourrait encore jouer de cette
manière. Cela semble plutôt artificiel, mais en même temps plein de charme.
C'est davantage une qualité d'époque qu'une vertu particulière du film. Les gens
parlaient mieux alors. Même la diction des chanteurs d'opéra était
meilleure...
Après avoir vu d'autres films de lui, je pense toujours qu'après Hiroshima
mon amour et L'Eté dernier à Marienbad, il n'a plus rien fait de transcendant.
Il n'a pas perdu son génie de l'image, mais sa carrière est une confirmation de
l'idée qu'on ne peut pas faire de grand film sans grand scénario.

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