Un voyage au Japon (1893)

 

En 1893, la Comtesse de Jersey se rend au Japon. De nombreuses années plus tard, elle entreprend la rédaction de ses mémoires et livre ses impressions sur les quelques semaines passées au Pays du Soleil Levant.

"Ce paysage japonais, il faudrait le graver à l'eau-forte, car de vastes et larges aplats de lumière et d'ombre ne parviendraient pas à restituer son effet d'ensemble. Entre les arbres aux couleurs variées et aux silhouettes délicates, on aperçoit les toits de chaume des maisons et le gris des tuiles rondes qui coiffent élégamment les petits pavillons de bois qui se dressent au milieu des jardins égayés par la floraison des pêchers et de la glycine, tandis que les vallées offrent un patchwork de minuscules champs de maïs nouveau et de rizières inondées parmi lesquels s'insèrent ici et là des espaliers auxquels sont attachés les rameaux blancs et dressés des poiriers. Partout on voit couler de large rivières, et des torrents dévaler les montagnes, et par endroits de vastes avenues de cryptomères sacrés mènent à un temple, à un monastère ou à une tombe. On ne peut rien imaginer de plus somptueux que ces avenues. Les hauts troncs rose de garance élèvent leur crête touffue parfois jusqu'à 70 ou 80 pieds de haut, et dessous le sol est tapissé de cognassiers du Japon rouges, de violettes, de fougères, et, près du romantique monastère de Doryo-San, d'une sorte de lis ou d'iris dont les pétales blancs sont teintés de lilas et de jaune. L'avenue conduisant à Nikko s'étend, en ligne presque continue, sur 15 miles, les arbres sont connus comme étant le don d'un Daimyo trop pauvre pour offrir l'habituelle lanterne de bronze ou de pierre à la tombe du grand Shogun Ieyasu."
Extrait du chapitre XIV (pp. 335-345) de Fifty-One Years of Victorian Life (Cinquante et une années d'une vie à l'époque victorienne), par Margareth Elizabeth Leigh-Child-Villiers, Comtesse de Jersey, 1922.

 

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