3.11.13

"Kuroneko" de Kaneto Shindo, 1968


Cette histoire de chat noir m'a tout naturellement amenée à penser au film de Kaneto Shindo, Yabu no Naka no Kuroneko ("le chat noir dans les fourrés") sorti chez Criterion en 2011 sous le titre Kuroneko (Le Chat noir).
 
Sur la jacquette du DVD, Kuroneko est résumé ainsi (je traduis de l'anglais) :
"Dans cette fable d'horreur poétique et atmosphérique qui se déroule dans un village médiéval déchiré par la guerre, des esprits malveillants se mettent à égorger les samouraï itinérants. Quand un héros de guerre est envoyé pour combattre cette force invisible, il se rend compte qu'il va devoir également lutter contre ses propres démons. Kuroneko est un récit crépusculaire spectaculaire, avec une orientation féministe surprenante, rendu par des effets spéciaux fantomatiques et une cinématographie raffinée."
 
J'ai vu le film au moment de la sortie du DVD, et cela résume assez bien mon souvenir. Je n'avais pas trouvé le temps de développer à l'époque, mais j'avais noté mes impressions :
"Kuroneko est une histoire de fantômes et de vengance, au scénario assez classique, mais dont la réalisation est superbe. L'ambiance est sombre et surréelle et les images d'une grande beauté plastique. La manière dont Shindo a intégré ce mirage de demeure noble habitée par les fantôme dans la bambouseraie est très adroite. Après le film j'ai regardé l'interview du cinéaste qui figurait parmi les bonus. Je pensais que Kaneto Shindo était quelqu'un de très intellectuel, mais lorsqu'il s'explique il est très factuel, et l'on se demande comment il a pu arriver à des résultats aussi extraordinaires.
 
En regardant L'Île nue, je pensais qu'il y avait dans sa démarche quelque chose de philosophique vraiment profond, mais quand il l'évoque, il dit juste qu'il voulait faire un film sans dialogues, et que si le résultat est si cohérent, c'est parce que l'équipe, très réduite, a vécu pendant le temps du tournage, avec peu de chose et comme en communauté, parce que sur l'île il n'y avait rien… En fait, il donnait l'impression de suivre une inspiration. Comme la modestie et la simplicité est de mise chez les maîtres japonais, et qu'elle fait aussi partie des convenances au Japon, je me demande si ce discours est bien le reflet de la réalité. Mais peut-être est ce-là la marque du génie... Les médiocres triment, réfléchissent et se donnent beaucoup de mal pour arriver à un résultat pitoyable tandis que les génies s'attachent à une idée toute simple et aboutissent au chef d'oeuvre...
 
Le reportage se terminait sur cette phrase calligraphiée par Shindo lui-même :
Tout au long de leur vie, les gens veulent s'épanouir.
 
Lors de son interview, en 1998, il avait 86 ans et expliquait que la vieillesse n'est ni pacifique, ni sage, contrairement à l'idée répandue, qu'on avait toujours les mêmes envies et les mêmes moteurs que pendant notre jeunesse, mais que le corps, simplement, ne suivait plus, mais qu'on avait en plus un sentiment d'urgence."

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