Love Exposure (Ai no Mukidashi), 2008
Sion Sono est le grand maître de l'aliénation, de la famille dysfonctionnelle, et, plus généralement, de la perversion. Ses films oscillent entre légèrement glauque et glauquissime tandis que ses personnages appartiennent aux deux groupes complémentaires que sont les pervers et leurs victimes. Love Exposure n'échappe pas à cette règle, mais, si le film est complètement barré, il n'est pas trop gore pour une fois et nettement moins flippant que les autres. Tantôt drôle, tantôt dramatique, passant du léger au grave, il est en permanence imprévisible et souvent génial… De tous ceux que j'ai vus, c'est mon préféré.
Il raconte l'histoire de Yu, un jeune homme de bonne famille dont la mère est morte et dont le père, devenu prêtre pendant son veuvage, est obsédé par le péché depuis que sa maîtresse, pour laquelle il avait brisé son voeu d'abstinence, l'a quitté. Cette obsession l'amène à confesser régulièrement son fils et à le harceler pour lui faire avouer ses fautes. Le jeune garçon, qui n'a guère d'occasions d'avoir des comportements moralement condamnables, se voit alors contraint de mentir pour échapper aux violences de son père. N'étant pas un menteur très convaincant, il finit par comprendre que sa vie sera plus facile lorsqu'il aura de véritables péchés à confesser. Il décide alors de plonger dans la pornographie... Ce n'est là que le point de départ de l'histoire. Très vite d'autres fils viennent s'y ajouter, notamment la passion de Yu pour Yoko, une jeune fille au passé aussi chaotique que le sien...
L'idée sur laquelle repose toute l'oeuvre de Sion Sono semble être que la société, en forçant en permanence les êtres humains à agir contre leur nature profonde, ne peut produire que des pervers et des désaxés. Dans chacun de ses films il tente de remonter aux sources des perversions et d'expliquer ou de comprendre les comportements déviants, car, comme le fait remarquer Yu, même les pervers ont une histoire et des raisons d'être ce qu'ils sont. Dans ses films, les parents sont souvent la principale source d'aliénation, du moins la plus forte et la plus destructrice, mais d'autres pouvoirs sont également à l'oeuvre, c'est le cas des médias dans Suicide Club ou des religions dans Love Exposure.
Le film dure quatre heures, mais il y a tellement de péripéties que l'on ne s'ennuie pas un instant...
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Le coffret Blue-Ray/DVD vient de sortir en France, chez HK Vidéo.
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