27.2.13

"Yakuza, Ganster und wohltäter" d'Alexander Detig, 2013

Hier, Arte diffusait un documentaire allemand d'Alexander Detig, Yakuza, Gansters und Wohltäter (Yakuza, Entre le bien et le mal, en français). Le journaliste a fait un travail important dans le sens où il ne s'en est pas tenu à un gang et à une seule ville. Le reportage nous conduit de Tokyo à Osaka en passant par Kyushu, chez des membres de l'Inagawa Kai, du Yamaguchi Gumi, du Sumiyoshi Kai, certains toujours en exercice et d'autres repentis - la différence entre les uns et les autres n'étant pas toujours patente.

Côté information, rien de vraiment nouveau, mais cela complète ce que l'on savait déjà.
Côté fun, les bureaux des chefs valent le détour, avec leurs décos du genre tigre empaillé ou vases monumentaux de deux mètres de haut...
Coté esthétique, des tatouages superbes.
Côté humain, les types ne sont pas intéressants, mais alors pas du tout, même quand ils s'efforcent de paraître sympathiques...

Côté journalisme, le reportage est d'une complaisance incroyable.
Je peux comprendre que quand on côtoie des types de ce genre on ait tout intérêt à les brosser dans le sens du poil si l'on tient à la vie, mais de là à aller leur faire des frisettes, un brushing et à leur passer une épaisse couche de pommade...
On dirait que les journalistes qui vont faire des reportages sur les mafieux japonais en reviennent affectés d'une sorte de syndrome de Stockholm. Ils sont tellement morts de peur pendant tout le reportage qu'ils finissent par éprouver de la reconnaissance et de l'affection pour leur hôtes simplement parce qu'ils ne leur ont pas cassé le nez ou brisé les rotules. D'où ces bouffées délirantes qui les amènent à prononcer des phrases définitives, comme dans ce reportage qui conclut que le yakuza mène ses affaires "oscillant entre le bien et le mal".

Entre le bien et le mal ? Cette formule du bien et du mal dans le titre français du reportage m'avait un peu choquée avant même de regarder le film. Trafic de drogue, chantage, intimidation, meurtre, escroquerie, spoliation, prostitution... ce n'est pas le terrain fertile de l'humanisme et du bien. J'ai alors pensé à une mauvaise interprétation du traducteur. Je suis allée voir le titre allemand : "Ganster und Wohltäteur" : c'est-à-dire"gangster et bienfaiteur", sans même un point d'interrogation. C'est encore pire. Je me demande si le reporter aurait osé qualifier de "bienfaiteurs" les mafieux européens qui ont les mêmes activités et les mêmes méthodes.

On en revient toujours au même point, à celui des journalistes qui se font avoir à chaque fois et perdent tout sens des réalités. Les Yakuza ont dû être les premiers surpris de se voir qualifiés de bienfaiteurs. Ils n'en attendaient sûrement pas tant...

Aucun commentaire: