Cela faisait un moment que mon neveu me disait que je devrais faire un bassin pour y mettre des Koï, que ça serait super et tout et tout. Il était tellement enthousiaste qu'il a fini par me convaincre que c'était une super méga bonne idée ! Et j'ai dit oui.
Je ne connais rien aux poissons et, dans mon idée, des carpes koï ça faisait vingt centimètres au maximum, et seules quelques carpes, exceptionnelles de longévité, arrivaient à atteindre les cinquante centimètres à l'âge canonique de cent cinquante ans... Quant au bassin, il suffisait de creuser un trou, de coller une bâche dedans, d'y mettre de l'eau, des poissons, et d'aller les nourrir régulièrement... Faciiiile !
Le plus difficile serait de creuser le trou, de choisir les plantes aquatiques et d'aménager les alentours pour que ce soit joli...
J'ai eu mon premier choc chez l'éleveur de poissons. Il y avait d'énormes carpes dans un bassin et, voyant leur taille, j'ai demandé l'âge qu'elles avaient. "Celles-là (50 cm) ont deux ans, et les plus grandes (90 cm) ont à peu près le double", a-t-il expliqué.
- Quoi ? Comment ? Se peut-il ? Elles grandissent si vite que ça ?!!!!
Philosophe, je me suis faite assez vite à l'idée d'avoir des carpe géantes au bout de deux ans. Il fallait juste en mettre moins dans le bassin, c'était tout... Je me suis aussi faite à l'idée que pour les lotus c'était râpé, car avec ces poissons-là qui passent leur temps à fouiller dans la vase et la terre quand il y en a, il vaut mieux un bassin nu. Mais je n'étais pas au bout de mes découvertes...
Les premières surprises encaissées, j'étais toujours motivée, et j'ai acheté le superbe bouquin dont la couverture brille de tous ses feux ci-dessus, car je suis très professionnelle dans mes loisirs, et j'ai commencé à étudier la question... La première chose mentionnée sur la liste des erreurs à ne pas commettre était "creuser un trou et voir ensuite ce qu'on va faire"... On a bien failli la faire, cette erreur-là ! Tout faux. Il faut tout prévoir avant de creuser, et c'est en général quand on voit tout ce qu'il y a prévoir et la taille du matériel à caser, que l'on ne creuse plus, et qu'on se demande si on ne va pas plutôt se tourner vers les triops ou les grenouilles, enfin des trucs moins jolis, mais qui s'accommodent d'une flaque d'eau. Les koï, non seulement il faut être motivé, mais en plus il faut disposer d'un budget confortable sur le long terme. Le système de filtrage n'est pas donné, mais ensuite il faut le faire tourner, et des filtres qui pompent des centaines de litres d'eau à l'heure, ça doit quand même demander une petite centrale électrique !
La perspective des travaux de terrassement et des dépenses en appareillage et en électricité avait déjà porté un sale coup à ma motivation, mais ce qui m'a achevée c'est le chapitre sur les maladies des poissons. Il a l'air de leur arriver un tas de trucs horribles à ces pauvres carpes. L'ouvrage explique comment les soigner. Certaines maladie exigent que l'on mette les malades en quarantaine... Ah oui, tiens, mais où ? Dans un autre bassin ou un grand aquarium à l'abri du gel, pardi ! A la lecture de cette partie de l'ouvrage, on réalise qu'un bassin, c'est un peu juste. Il vaut mieux en avoir deux...
Il en ressort que les koï, c'est carrément une occupation à plein temps... et un budget qui pourrait à l'aise faire vivre tout un village africain confortablement.
Je me suis donné un an pour de réfléchir, et, en désespoir de cause, pour combler mon envie de trou d'eau rempli de bestioles aquatiques, j'ai creusé un bassin... à grenouilles... J'en avais une minuscule, une grenouille marron, l'été dernier, qui a passé trois mois à nageouiller dans un dessous de pot de trois centimètres de profondeur. C'est à ma portée ça, la grenouille.
En creusant le bassin aux grenouilles, je me disais que c'était un peu un résumé de mon histoire. Viser le bassin à Koï et finir avec une mare à grenouilles. Enfin, pour l'instant, dedans il y a surtout des larves de libellules, redoutables prédatrices des oeufs de grenouilles... Du coup, je me dis que pour les grenouilles, ce n'est même pas encore gagné !
Le jour ou je déciderai d'aller au Japon, il y a de fortes chances pour que mon voyage ne me mène pas au-delà du jardin japonais de Boulogne-Billancourt, et encore, s'il n'y pas de grève à la SNCF !
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Cela dit, le bouquin est magnifique et passionnant à lire, même quand on n'a ni bassin ni poisson.
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