26.2.13

"Big Man Japan" de Hitoshi Matsumoto, 2007

 
Big Man Japan (Dai Nipponjin), le premier long-métrage de Matsumoto, revisite le film de super-héros. Cela commence à la façon d'un reportage, avec l'interview de Masaru Dai-Satô, une sorte de loser qui, à la quarantaine, vit seul et petitement dans une maison miteuse de Tokyo. Sa femme est partie, emmenant avec elle leur fille qu'il voit beaucoup plus rarement qu'il ne veut bien l'avouer. Dai-Satô est laconique, résigné, et a l'allure et l'attitude de tous les pauvres types du monde.
 
La manière dont il est filmé et très réaliste et l'on dirait un véritable reportage, mais, tandis que Dai-Satô parle, on remarque en arrière-plan un tas de détails qui viennent soit infirmer ou soit compléter ce que notre anti-héros raconte, ce qui renforce à la fois le côté comique et pathétique. Il nous apprend qu'il sort toujours avec son parapluie qu'il aime bien car il est petit mais se déplie en cas de besoin, et qu'il mange des algues lyophilisées, car quand on les plonge dans l'eau elle gonflent et sont prêtes tout de suite en cas de besoin. Il faut dire que Masaru est comme son parapluie et ses algues : quand on lui envoie une décharge électrique, il devient un super héros de 30 mètres de haut en cas de besoin.
 
Le problème de notre pauvre Dai-Satô, c'est que les temps ont changé et le Japon aussi. Le super-héros, qui par le passé était traité à l'égal d'un dieu, est désormais vu par le public comme une nuisance... Les gens en ont marre de lui et le lui font bien comprendre, d'où les insultes, les graffiti sur sa maison et les expériences désagréables qui parsèment son quotidien...
Il faut dire que même lorsqu'il devient le super-héros Dai-Nipponjin, il reste assez minable ce pauvre Masaru. Il n'est pas sportif et a beaucoup de mal à terrasser les monstres farfelus qui débarquent dans sa patrie. Super-héros, ce n'est pas son truc.

A partir de la deuxième moitié du film, les séquences de super-héros l'emportent sur le reste, et l'histoire vire un peu au n'importe quoi. Les combats de héros sont montrés à l'aide d'animations grossières, ce qui est certainement intentionnel, car ce style rappelle celui des vieux films aux effets spéciaux rudimentaires qui ont forgé le genre. Les séquences sont de mauvais goût, mais le mauvais goût et les héros bizarroïdes aux plans et aux pouvoirs délirants sont aussi une constituante fondamentale des films de monstres. Pour parodier ce genre-là, il faut nécessairement frapper fort, et Matsumoto assume. Ses héros sont donc des caricatures de personnages eux-mêmes déjà caricaturaux. C'est amusant, mais d'un comique plus lourd que dans les séquences de reportage.
 
C'est un film où l'on trouve du bon et du moins bon, mais qui est tout de même très drôle, ne serait-ce que pour le portrait et les interviews décalées de ce pauvre type de Dai-Satô si bien incarné par Matsumoto lui-même.

Film en VO - Sous-titres disponibles en français, anglais et néerlandais. Bonus: making of en VOSTF et en VOSTA

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Aux dernières nouvelles, Hollywood serait en train de préparer un remake de ce film, et même une suite du remake. Sortie prévue : 2014.

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