22.5.12

Qu'est-il arrivé à Hayakawa ?


Des nouvelles de Hayakawa
Le film The Artist a remis au goût du jour le thème de la difficile reconversion des acteurs du cinéma muet lors de l'avènement du parlant.
Par hasard, j'ai retrouvé une interview, réalisée en 1929 (l'année même du premier film parlant), de l'acteur japonais Sessue Hayakawa, et décidé d'en donner une traduction. Sessue Hayakawa a lui aussi fait partie des méga stars d'Hollywood à l'époque du muet - entre 1915 et 1925. L'entretien, publié dans le magazine américain Motion Picture Magazine (January 1929, 33, p90-91) par Winnifred Eaton Reeve,  offre des perspectives intéressantes et inédites sur divers sujets comme le racisme à Hollywood ou le passage au cinéma parlant, et des anecdotes de tournage, comme celle, en France, du film La Bataille, tiré du roman de Claude Farrère, et auquel la Marine Française a apporté une contribution active, hissant les drapeaux nippons sur ses navires de guerre et revêtant ses troupes de l'uniforme de la marine impériale.... Une contribution qui prouve à quel point Hayakawa était influent et mondialement reconnu à l'époque.
Vous trouverez ma traduction en suivant ce lien : "Pourquoi Hayakawa a fui Hollywood.
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Qui était Sessue Hayakawa ?
Sa vie-même fut un roman et pourrait faire l'objet d'un film. Il était le descendant d'une famille de samouraï. Son père voulait qu'il devienne officier dans la marine japonaise. Sessue était déjà entré dans cette carrière quand un accident de plongée, en lui abîmant un tympan, l'obligea à y renoncer. Pour avoir déçu les espoirs de sa famille, il tenta alors, dans la plus pure tradition japonaise de l'honneur, de se suicider. Son père l'ayant sauvé in extremis, il se tourna vers le théâtre, rejoignant une troupe qui partait en tournée aux États-Unis. Remarqué par un producteur, il ne tarda pas à faire carrière à Hollywood (son premier film date de 1914) et à y devenir l'un des acteurs les plus célèbres et les mieux payés et qui donnait des fêtes grandioses.
Plus tard, les aléas de l'industrie cinématographique, des crises économiques,  puis de la guerre, firent de lui une sorte de vagabond cosmopolite, qui passa d'un pays à l'autre au gré des soubresauts et des tragédies. Il travailla en Angleterre, en France, au Japon et aux États-Unis.
Sa dernière prestation remarquée en Occident fut son interprétation du rôle du colonel Saito dans Le Pont de la Rivière Kwai qui lui a valu des nominations aux Academy Awards au Golden Globes et au NBR awards, pour le meilleur second rôle. Il arrêta sa carrière en 1966 pour devenir moine bouddhiste.
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Quelques-uns de ses films sont disponibles en DVD :

Cecil B. DeMille, The Cheat (Forfaiture), 1915 (Un chef d’œuvre. Un film choquant pour l'époque. Bien sûr, l'Asiatique y joue le rôle du méchant).
William Worthington, The Tong-Man, 1919
Max Ophuls, Yoshiwara, 1937
Jean Delannoy, Macao l'Enfer du jeu, 1939
Jean Negulesco, Captives à Bornéo, 1950
Samuel Fuller, The House of Bamboo, 1955
David Lean, Le Pont de la Rivière Kwai, 1957
Frank Tashlin, Le Kid en Kimono (une pantalonnade de Jerry Lewis au Japon), 1958

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