2.12.10

"L'Empire des signes" de Roland Barthes



Je n'avais encore jamais lu L'Empire des signes de Roland Barthes. En ouvrant le livre, j'ai eu un choc en voyant la photo ci-dessus, choc double, d'une part parce que je ne m'attendais pas à ce face à face, et, d'autre part, et surtout, parce que ce visage est très beau. J'imagine qu'au Japon il doit incarner l'idéal classique de la beauté masculine. Il s'agit d'un portrait de l'acteur Kazuo Funaki dont je n'avais jamais entendu parler et dont, je pense, aucun film n'est jamais sorti en occident, pas même en DVD...

Pour en revenir à Barthes, son livre est une sorte de journal de voyage, mais à sa façon. Sa façon étant celle du sémiologue, il fait du Japon un ensemble de signes qu'il s'emploie ensuite à décrypter. Malheureusement, sa volonté de voir des signes et de trouver du sens à tout est très artificielle. Philosopher sur le miso pour expliquer le Japon c'est comme chercher l'âme française dans le pot-au-feu. C'est au mieux divertissant, au pire ridicule. Si on y trouve des passages intéressants, des réflexions qui méritent qu'on s'y arrête, non parce qu'elles sont justes, mais simplement parce qu'elles sont poétiques ou plaisantes, l'ensemble tient surtout de la masturbation intellectuelle.

Il ne faut pas, en lisant ce livre, espérer comprendre le Japon. Il faut seulement voir ce texte comme la prose, plus littéraire que scientifique (parfois on croirait lire Proust décrivant son tilleul), et plus prétentieuse et indigeste qu'éclairante, que ce pays a inspirée à un intellectuel occidental. Comme l'explique Barthes lui-même, le Japon "l'a mis en situation d'écriture". Cette phrase dit tout. En étant méchant on pourrait dire qu'il a été pris d'une sorte de tourista intellectuelle!

Roland BARTHES,
L'Empire des signes,
1970

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La beauté est à portée de main et vous ne comprenez pas.
ce n'est pas grave, rassurez vous.

Horvallis a dit…

Qui vous dit que je ne le sais pas ?
Mais ce qui est à portée de main m'intéresse moins que ce qui est loin... car c'est le voyage, le périple... et la découverte que je trouve passionnants, pas la beauté en soi.

Horvallis a dit…

Voir ce qui est à portée de main et rechercher ce qui ne l'est pas ne sont pas des démarches incompatibles. A chaque fois qu'une rose fleurit dans mon jardin, je peux voir sa beauté. C'est d'ailleurs pour jouir de sa beauté que je l'ai plantée.