23.5.20

"Diner", Mika Ninagawa, 2019


Diner est adapté d’un manga créé par Takanori Kawai (dessin) et Hirayama Yumaki (scénario).

Ooba Kanako mène une triste existence faite de petits boulots. Elle réalise que sa vie ne changera jamais si elle poursuit dans cette voie. Elle doit prendre davantage de risques.  Elle accepte alors une mission dont la rémunération annonce clairement le caractère illégal voire dangereux. Elle ne tarde pas à se retrouver dans les griffes de yakuza qui menacent de la tuer. Elle plaide sa cause disant qu’elle sait cuisiner et se dévouera corps et âme à leur service s’ils l’épargnent. Ils l'envoient alors dans un endroit très spécial, un restaurant pour tueurs où la moindre faute peut lui coûter la vie.

Que la réalisatrice ait choisi d’adapter ce manga, un seinen violent et qui prend au fil des épisodes un caractère de plus en plus gore et malsain, m'a surprise, mais en mettant ce film en perspective avec ses précédents travaux, le point commun m'est apparu: il s'agit d'un récit d'émancipation féminine, un sujet central dans son œuvre. L'héroïne se libère progressivement de sa peur, se relève, s'affirme et s'oppose à ceux qui la voulaient obéissante et soumise. Elle a un rêve et se donne les moyens de le réaliser, d’abord en sortant du cadre légal de la société puis en affrontant les mafieux.

Au point de vue visuel, c’est du Mika Ninagawa. Si vous la connaissez comme photographe, vous savez à quoi vous attendre. Elle s’écarte du manga, dont les décors sont minimalistes, pour créer une fantaisie baroque, kitsch et somptueuse. Elle surcharge ses scènes d'une profusion de fleurs et de motifs aux couleurs saturées, et saupoudre le tout d’œuvres d'art.

Par certains aspects, l’œuvre rappelle Pistol Opera de Seijun Suzuki. Cette exubérance visuelle représente le point fort du film, et peut-être son seul objet, car Diner pâtit d'un gros point faible: trop focalisée sur l'aspect visuel, Mika Nakashima semble en avoir oublié de travailler ses personnages secondaires qui, pour la plupart, ressemblent à des joueurs de cosplay. Leur manque de crédibilité plombe le film. Quel dommage! Il s'en est fallu de peu que le résultat ne soit véritablement génial. 
Une œuvre à voir cependant pour la beauté qui s’y déploie.

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