"Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité."
Diantre ! me suis-je exclamée, en découvrant sur allocine le résumé de ce qui est supposé être l'histoire du complot des 47 vassaux du seigneur Asano pour venger l'honneur de leur maître, "des monstres mythologiques et des métamorphoses maléfiques" !
N'est-il donc plus possible de faire un film historique sans réécrire l'histoire complètement et la truffer de créatures improbables, genre dragons, goules, vampires, sorcières, creepers et keanureeves... ?
A quoi bon s'inspirer de faits réels si c'est pour les déformer au point qu'en changeant seulement les noms des personnages et leur nombre personne (pas même un historien japonais dans le cas qui nous occupe) ne serait fichu de reconnaître l'histoire ?
Si on veut absolument de la fantasy, pourquoi ne pas écrire directement une bon scénario qui tienne la route et dans lequel on puisse fourrer autant de créatures mythologiques sournoises, de combats dévastateurs et d'effets spéciaux que l'on veut ?
J'avais l'intention d'aller voir le film, mais je lis monstres et métamorphoses et pour moi c'est déjà mort... Et j'ai une pensée émue pour les acteurs japonais qui sont allés se fourvoyer là-dedans. A la base, l'histoire japonaise revue et corrigée par Hollywood n'était pas un projet follement enthousiasmant, mais avec ce gros tiers de n'importe quoi en plus le cocktail doit être franchement indigeste... A quoi bon être allés récupérer cette histoire-là pour en faire ça ?
Les 47 rônin, soit on les fait sérieusement et on a un bon, voire un très bon film, pas forcément compatible avec les codes hollywoodiens, soit on rajoute des monstres et ça devient une série B pour ado. Reste donc à voir ce que ce film vaut comme série B... On dit que les décors sont beaux - l'affiche ci-dessus aussi, d'ailleurs...
Dommage, quand même, que le réalisateur soit passé aussi totalement à côté. Il a dit avoir voulu faire connaître l'histoire des 47 rônin au public occidental. Il a en partie réussi ; le hic c'est que la plupart de ceux qui l'ont vu croient maintenant qu'il s'agit d'une légende très ancienne. Ce qui me donne l'opportunité de partager une version des 47 rônin plus conforme à la vérité historique - histoire qui débute en 1701, nous étions ici à la fin du règne de Louis XIV. Il s'agit en tout cas d'une version 100% humaine, sans adjonction de créatures surnaturelles, publiée par Algernon Bertran Freeman-MITFORD, Lord Redesdale, d'après des documents japonais, dans son livre Tales of Old Japan en 1871. Il y raconte également sa visite au Sengakuji où sont enterrés les samouraï, le culte de leurs reliques, et il retranscrit deux des lettres qu'ils ont laissées.
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Mise à jour - ce que le film vaut vraiment...
Si l'on fait abstraction des faits historiques et si l'on imagine qu'il s'agit d'une histoire fictive qui se déroule dans un pays imaginaire, bref, si on aime la fantasy pour la fantasy, dans un décor de fantasy, avec des personnages de fantasy, dans des costumes de fantasy, avec des sorcières de fantasy, des héros de fantasy et des méchants de fantasy, le film est un bon divertissement. Il y a de l'action, des FX... En 3D, on se prend quelques projectiles dans la tête.... Et puis, il y a une belle brochette d'acteurs...
A vrai dire, les Japonais font eux aussi ce genre de films pseudo-historiques merdiques, genre Gojoe d'Ishii Sogo ou Shinobi de Ten Shimoyama pour ne mentionner que ces deux-là. La plupart des grandes productions chinoises ressemblent à cela. Hollywood n'a rien inventé, mais seulement tenté de récupérer un filon asiatique.
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