6.11.10

"Fin d'automne" de Yasujirô Ozu



Hier, j'ai passé ma soirée avec Yasujirô Ozu : Fin d'automne (Akibiyori, 1960). Après avoir visionné plusieurs films de sa période couleur, je comprends le genre de fascination qu'exerce ce cinéaste.

Les décors sont beaux, extrêmement bien pensés et articulés, entre rigueur géométrique et détails réalistes. Les personnages sont souvent les mêmes, et on les retrouve de film en film, toujours dans le même genre de situation, un peu comme de vieux amis qu'on a plaisir à revoir. L'ambiance est paisible, reposante… Tout le monde est poli, patient, positif, raisonnable, empathique… Les jeune filles sont belles, gracieuses et pétillantes, les jeunes hommes sont honnêtes. Les personnages plus âgés, philosophes et drôles, empruntent le chemin de la vieillesse, avec résignation et humour...

C'est une sorte de monde idéal ou chacun est à sa place. Plus exactement, le film est le moment crucial où les personnages doivent passer d'un état à une autre et occuper la nouvelle place qu'il leur est assignée par la société : les adolescents doivent se marier et fonder une famille, quant aux parents, leur devoir accompli, ils doivent se résigner a affronter seul la dernière période de leur vie.


Chez Ozu, tout est exprimé avec subtilité, autant par les gestes et les attitudes que par les dialogues, mais les films nous amènent à comprendre des choses qu'on n'aurait pas forcément comprises autrement. Hier, en voyant, le personnage de Setsuko Hara, une veuve qui vient de marier sa fille et s'apprête à passer sa première nuit solitaire, j'ai réalisé pour la première fois quel déchirement que ce doit être de se séparer de ses enfants quand ils deviennent adultes.

La lenteur du film ménage des plages de réflexion au spectateur. On regarde les scènes, silencieuses et lentes, et les pensées viennent spontanément. Toutes les scènes génèrent leur lot de pensées et de découvertes sur les gens, sur la vie, sur le destin, et c'est cela qui fait la force des films d'Ozu. On y voit la vie dans sa dimension philosophique, et l'on s'y contemple comme dans un miroir.

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