Masahiro Shinoda, Assassinat (Ansatsu), 1964.
J'étais prêt à sacrifier ma vie pour l'empereur. Depuis lors, je me suis interrogé sur les racines de mon patriotisme. C'est encore une énigme pour moi. Comment un tel absolutisme peut-il s'emparer d'un individu ? Pourquoi cet impératif moral persiste-t-il encore au Japon comme phénomène social ?
Masahiro Shinoda, Kinema Junpo, 1966.
Yoshikata Yoda, quant à lui, écrit à propos du choc qu'il a reçu le premier janvier 1946 en entendant l'empereur déclarer qu'il était humain et non d'origine divine :
... la presse parlait de "l'empereur humain". Emerveillé, j'ai écrit dans mon journal: "Certes, il est n'est pas bien d'adorer l'empereur comme un dieu, mais on ne devrait pas prendre à la légère l'idée qu'il est notre père digne de confiance. Il n'agit pas de s'accrocher à cette idée par conservatisme, mais pour construire une idée positive du bonheur". Nous étions tellement imprégnés par le nationalisme pendant la guerre que même moi, homme de gauche, je pensais vraiment cela après la défaite.
(in Kenji Mizoguchi, l'homme et son art, 1964, cité par Tadao Sato in Le Cinéma japonais, 1995).
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Une partie de la réponse à la question de Yoshida doit se trouver dans la culture développée sous le shogunat et qui a élevé le sacrifice de soi au rang des beaux arts. Le Japon est le seul pays à avoir développé une telle esthétique du sacrifice et de la mort.
Le cinéma japonais en est d'ailleurs imprégné. Un exemple parmi d'autres : la photographie illustrant l'article intitulé "Exotisme", ci-dessous, et qui est tirée d'un autre film de Shinoda. La femme que l'homme soutient vient d'être tuée, et la scène est magnifique. La beauté du geste, de la scène, efface le côté tragique de la mort.
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