5.7.15

"The Stars My Destination", Alfred Bester, 1956

 
The Stars My Destination - Terminus les étoiles en français - faisait partie de ma liste des 20 livres de l’été. Je l’avais acheté après avoir regardé ce chef-d’œuvre d’animation qu’est le Comte de Monte-Cristo (Gankutsuou ou le Roi de la caverne) de Mahiro Maeda qui avait cité le roman de Bester comme étant l’œuvre qu’il voulait adapter au départ.
 
En commençant la lecture du livre, et en découvrant ce personnage fort, emblématique et magnifique qu’est Gully Foyle, une sorte de brute enragée au faciès tatoué façon maori, je me suis demandé pour quelle raison personne n’avait jamais adapté cette œuvre au cinéma. La suite de ma lecture m’a donné quelques pistes. Cette histoire génialissime est bien trop complexe pour être abrégée de manière heureuse en un film de deux ou trois heures – il faudrait au moins une série TV disposant d’un budget effets spéciaux conséquent pour porter à l’écran ne serait-ce qu’un quart des merveilles, des idées et des trouvailles que contient ce livre de 240 pages. Et puis il y a la philosophie teintée de métaphysique qui sous-tend l’œuvre et qui est également difficile à réduire au standard simpliste de la lutte des bons contre les méchants qu’affectionne le blockbuster Hollywoodien. Il est, certes, toujours possible de réduire une œuvre à une intrigue basique, mais à quoi bon la choisir si c’est pour la massacrer ?

Après une recherche sommaire sur les sites consacrés au cinéma, j’ai découvert qu’une adaptation de ce livre était en projet. On ne sait rien du casting, seulement que le réalisateur pourrait être Jordan Vogt-Roberts, dont je n’ai vu aucun film et qui s’est jusqu’ici illustré dans un genre bien éloigné de la science-fiction puisqu’il a tourné surtout des comédies. N’avoir jamais réalisé de film de science-fiction est un handicap, mais, selon Indiewire, qui s’est penché sur ses compétences, son point fort, et qui pourrait faire merveille aussi bien pour la réalisation d’une adaptation cinématographique de Metal Gear Solid (à laquelle, apparemment, il travaille) ainsi que de notre hypothétique The Stars My Destination, c’est son goût pour la folie et le bizarre. Et la folie, notre Gully Foyle n’y fait pas qu’une halte. Il s’y installe résolument. L’obsession de vengeance qui lui a donné la force de survivre en a fait une sorte de monstre hybride vivant en permanence à l’état de grenade dégoupillée. Toutefois, pour lui donner toute sa dimension, il faudra beaucoup plus que ça ; il faudra être inspiré. Il faudra du génie.
 
Seul un inconscient ou un fou, justement, peuvent oser s’attaquer à ce monument. Il faut bien l’avouer, voir Foyle et le monde dans lequel il évolue, nous en rêvons tous, mais nous serons sans pitié s’il ruine ce chef-d’œuvre pour en faire le simple accompagnement visuel d’une dégustation de pop corn.
 
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Bester revient en force, car deux autres films tirés de ses romans sont également en projet : The Demolished Man (L’Homme démoli) et The Juliet (Fondly Fahrenheit).

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